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Jouets sexués : « Les choses bougent peu »

Article publié par France-Antilles le 24 décembre 2016.

Un Spiderman en pleine action sur fond bleu roi et une princesse rose bonbon serrant tendrement une peluche ou maniant la balayette… Les catalogues de jouets version 2016 et les messages publicitaires véhiculent toujours autant de clichés sexués, comme le dénonce l’association Culture Égalité.

En 2016, le choix des jouets pour les enfants est-il toujours différencié en fonction du sexe, selon vous ?

Il y a certes des petits efforts qui sont faits par certaines maisons de jouets, mais les choses bougent peu. L’offre de jouets globalement disponible en magasin s’avère différenciée entre les filles et les garçons, via les codes couleurs, la signalétique, les messages publicitaires, le choix et la conception de l’objet.

Pourquoi ?

Tout simplement parce que nous sommes dans une société qui renvoie des modèles de société très stéréotypés. Les enfants eux-mêmes sont sous l’influence des médias, des photos, des vidéos qu’ils voient et leur choix se porte donc sur des jouets pour les filles ou des jouets pour les garçons. Cela traduit une séparation nette des rôles et des activités destinés à chacun des sexes, et donc une acquisition de compétences différentes.

Même si certains parents font des efforts pour offrir par exemple un ballon de foot à une petite fille, une dînette à un petit garçon, seront-ils toujours rattrapés par le contrôle social de proches qui critiqueront leurs choix ?

C’est certain. Il y a à peine un mois, nous animions une formation pour des hommes qui se montraient ouverts aux échanges sur les stéréotypes et les rôles dans la société. Mais quand nous avons abordé la question des jouets, la poupée aux petits garçons était inconcevable pour eux et la différenciation des jeux de rôles restait significative. Un ballon à une petite fille passe mieux qu’une dînette à un garçon. Le garçon, on l’éduque, et de plus en plus, à être un vrai mec, c’est-à-dire quelqu’un qui doit montrer sa virilité par les muscles, le sport, les propos, les jeux. Il est éduqué pour être un vrai dominateur. Nos garçons s’identifient très bien aux clips musicaux… Et la fille qui joue au ballon sera un garçon manqué. Appréciez le terme : garçon manqué.

À qui la faute, aux fournisseurs de jouets, à la société, aux familles qui, finalement, ne veulent pas que cela change ?

À la société tout entière qui est une société sexiste et qui n’est pas prête pour l’égalité. Encore moins par ces temps où l’on veut remettre en question l’avancée des droits des femmes. Voyons par exemple l’IVG : on la tolère encore car les lois existent déjà, mais on ne finance pas les centres de santé. Les fournisseurs de jouets s’en sortent à merveille. Ils jouent à plein cette différenciation entre les jouets. Il y a 30 ans celle-ci n’était pas aussi marquée. Mais là, c’est une vraie industrie qui fait du profit. Voyons par exemple tout ce qui est vendu pour les petites filles dans cette société hyper-sexuée. Autre exemple, les fournisseurs s’adaptent à la société high-tech et, dès 9 ans, les enfants veulent des jeux vidéos. Malheureusement, même s’il y a quelques héroïnes femmes, ces jeux renvoient à des modèles très sexués. Les garçons, les hommes sont les supers héros très violents… Les familles qui n’ont pas remis en question ces stéréotypes sexués, nous « programmant » à être des hommes ou des femmes avec des rôles bien définis, suivent le cours de l’industrie du jouet d’une société très sexiste. D’où la nécessité de mettre en place de véritables programmes pour les parents, les éducatrices, les éducateurs de jeunes enfants, les crèches pour amener ce public à une prise de conscience que ce « programme sexiste » dans lequel nous sommes, renforce, fait perdurer les inégalités entre les sexes et au détriment des femmes.

Cette différenciation au niveau des jouets limite-t-elle vraiment le champ des possibles des uns et des autres ? Une petite fille peut-elle s’imaginer exercer le métier de pompier, même si elle n’a jamais eu de camion de pompier en cadeau ? De la même manière, un petit garçon peut-il s’imaginer exercer le métier d’infirmier, même s’il n’a jamais eu la panoplie de l’infirmière en cadeau ?

Les jouets, les jeux permettent l’apprentissage et le développement des enfants. Or, dès sa naissance Il est bleu et Elle est rose. Offrez un t-shirt rose à votre neveu de 12 ans et vous verrez! Tout traduit une séparation nette des rôles et des activités destinés aux filles et aux garçons, et donc une acquisition de compétences différentes. Or, cette césure est à dépasser car elle empêche l’épanouissement des enfants en les cantonnant à un certain type d’activités. Comme nous le disions, il n’y a pas que les jouets et les jeux qui participent à une imprégnation forte mais aussi le langage, le discours tenu par les adultes, les attitudes, les comportements et ce que voient les filles et les garçons à la maison. Les rapports entre les parents. Ce que l’école enseigne, également.

Est-ce que les enseignantes et enseignants ont cette prise de conscience nécessaire ?

Les programmes de formation sur ce thème sont pratiquement inexistants et aucune volonté de ceux et celles qui gèrent ces programmes sinon à très très petites doses et en tablant sur le volontariat. Au moment de faire un choix de métier, les filles veulent être massivement dans tout ce qui est le secteur du soin, le tertiaire. Nous avons des sections de formation qui sont à 99% uniquement féminine ou masculine et la ligne ne bouge pas depuis des années. Et ce qui bouge encore moins, c’est la situation d’un très grand nombre de femmes dans le monde du travail. Elles sont mal payées et dans la précarité car les métiers qui touchent à la sphère domestique sont déconsidérés. Notre expérience à Culture Égalité montre que les programmes de conscientisation en direction des adultes est la priorité. Ça marche : elles et ils voient comment nous préparons, femmes et hommes, ce monde de discriminations, de violences envers les femmes. Avec d’autres lunettes pour regarder notre société, nous ferons bouger les lignes en transmettant d’autres valeurs que celles pour lesquelles on nous a programmé(e)s.

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