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Transports : Rien n’a changé, anko pli mal !

« Tous les matins en allant travailler en bus, je regarde le couloir du TCSP et je suis aigrie – aigrie parce que j’ai l’impression que personne ne pense aux gens comme moi. Personne ne pense aux femmes qui arrivent le soir chez elles fatiguées parce qu’elles ont passé presque autant de temps dans les transports qu’au travail. Et, croyez-moi, une journée de 12 heures, c’est long ! »

Madame, Monsieur, c’est ce que je vous disais en septembre 2016. Ayen pa chanjé. Et pour ma cousine non plus, qui habite le Sud.

Elle me demande de vous dire aussi en son nom : « J’habite le Diamant et j’ai une petite voiture pour me rendre au travail à Fort-de-France. Je me réjouissais de l’installation de ce nouveau mode de transport qui me permettrait de déposer ma voiture au Lamentin ou à l’aéroport et de dépenser moins (oui j’ai un petit salaire de vendeuse dans un magasin), mais surtout de n’avoir pas le stress de l’autoroute et de préserver ma santé. J’ai subi, en silence, tous les travaux pendant plus de 5 ans en me disant : Pran kouraj mafi, apré, la viya ké bel ! Pa bouzwen pati dépi sizèdmaten ! Cette perspective de m’installer dans ces beaux bus et de prendre tout de suite un autre pour arriver à Cluny me donnait la force de supporter la poussière, les ralentissements, les déviations…. On se réjouissait aussi de pouvoir arriver en ville le weekend pour aller à l’Atrium voir un petit peu de spectacle… vivre quoi ! »

Et voilà, moi du Lamentin et ma cousine du Sud, nou rété pou lapléré ! Des taxicos chers, l’essence qui augmente. Nos journées sont toujours aussi longues et nos nuits, courtes.

Vous, les dames et les messieurs qui dirigez ce pays, vous êtes les plus fort.es, vous décidez de notre vie en disant OUI ou NON pour le démarrage de ce TCSP. Pas une seule pensée pour nous ! Ces laissés-pour-compte n’ont aucune importance à vos yeux. Pas votre problème. Moi je ne paye pas d’impôt, ma cousine non plus parce que nous avons de petits salaires et trois enfants. Mais les gens qui en payent, yo pran anko plis fè : ils payent, ont payé un TCSP qui ne roule pas ! Ces personnes ne disent rien. Vous avez de la chance Mesdames, Messieurs !

Guylène et moi, nous avons moins de chance. Nous continuons notre dure vie de travailleuse mal payée, sans transport correct, sans possibilité de proposer à nos enfants une petite sortie le week-end ou le soir.

Madame, Monsieur, je vous le redis comme dans ma première lettre, je suis une citoyenne qui vote, qui respecte les lois. Je remarque que dans le bus, il y a beaucoup plus de femmes que d’hommes. Est-ce la raison pour laquelle la question des transports n’est pas prise au sérieux ? C’est vrai que je ne vous ai jamais croisé.es dans le bus, nous n’avons jamais fait la route ensemble, vous ne connaissez donc pas notre cauchemar : lévé bonnè, kouri pou pa manjté dènié taxico-a, an kouri ki paka fini !

Madame, Monsieur, réveillez-vous et dites-vous : Ces gens qui travaillent, ces gens modestes, ces femmes qui sont les plus grandes utilisatrices, nous devons respecter notre engagement envers elles et eux… et puis arrêtons ce gaspillage !

Mèsi anpil. Noutout sé moun.

Karline B., 41 ans

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